Similitude(s)*
I have been developing my work for more than thirty years now, something which has inevitably had an effect on my way of working and on my subject matter when drawing. In view of this, I would like to share some thoughts on my new exhibition for Galerie kreo: Similitude(s).
It seems to me – and this is said without any bitterness – that I am re-drawing, re-working and re-formulating things, in a reasonably conscious way, rather than trying to draw “new things”. Indeed, I have never been one to create something new for the sake of it.
In other words, what I am drawing today has a reasonably pronounced, direct, intelligible and conscious connection to what I have already drawn, created or, in some cases, simply sketched.
It seems to me that this is inherent to the dynamics of long-term production: taking your own work as a “legacy”, seeing it as a source of inspiration and stimulation in the present whilst ensuring that it does not end up creating barriers.
Certainly, repeating yourself is just one of the ways in which it is easy to lose your direction over the years; plagiarizing yourself may be a sign, if you are aware of it, that it is time to give up and devote yourself to other activities.
I feel like I am currently navigating a space which is somewhere between what I have already achieved and what I have not yet managed to accomplish.
This space is slight but offers sufficient possibilities for movement and creation.
This is the new (and perhaps temporary) situation in which I find myself. It coincides with the period when I began to draw the very first pieces for this exhibition, almost four years ago.
This space provides me with the opportunity to affirm and develop certain aspects of my work. I am thinking of the combined presence of color and geometry in my formal language, for example. Geometry gives shape to color and color “de-geometrizes” shape; it creates a “warm geometry” which is perceived emotionally, rather than quantitatively.
Beyond the pure enjoyment created by its presence, color is once again a means of distinguishing different elements which constitute the object, revealing its overall shape as the product of an arrangement of pre-existing forms, rather than as the product of a mere drawing.
As for geometry, I have always seen it as being explicitly linked to the mission of simplifying objects and language. It also seems to me that it provides a (perhaps illusory) defense against the peculiarities of Mannerism — another possible pitfall for the dynamics of long-term production I mentioned earlier.
The purpose of this text is not to highlight or to explain the connections I have just outlined. Everyone should have their own interpretation, guided by their own intent and their own views.
As far as I am concerned, it seems to me that I have already commented enough here!
Pierre Charpin, March 2020
- Resemblance(s)
Similitude(s)
Cela fait maintenant plus d’une trentaine d’années que je développe mon travail, ce qui n’est pas sans conséquences sur ma façon de travailler et sur ce que je dessine. C’est au regard de ce fait que je voudrais ici avancer quelques réflexions sur ma nouvelle exposition pour la Galerie Kreo : Similitude(s). Il me semble, et le constat n’a rien d’amer, me trouver davantage dans une situation où je redessine, reprends, reformule des choses, de façon plus ou moins consciente faut-il préciser, plutôt que dans une situation où je chercherais à dessiner de « nouvelles choses». Je n’ai d’ailleurs jamais été adepte de la nouveauté pour la nouveauté. Autrement dit, ce que je dessine aujourd’hui a un lien plus ou moins affirmé, plus ou moins direct, lisible et assumé avec ce que j’ai déjà dessiné, réalisé où parfois simplement esquissé.
Cela me semble inhérent à la dynamique du travail sur le long terme : prendre son propre travail en « héritage », le considérer comme un des agents qui stimule et active le présent, en restant attentif à ce que cela ne finisse pas par constituer une fermeture. Se répéter est sans aucun doute un des travers dans lequel il est aisé de s’égarer avec les années et s’auto-plagier est le signe, si on en a conscience, qu’il est sans doute temps de renoncer et de se consacrer à d’autres activités. J’ai le sentiment de naviguer dans un espace qui se situe entre ce que j’ai déjà réalisé et ce que je n’ai pas encore tout à fait réalisé. Cet espace est ténu, mais il offre suffisamment de perspectives pour pouvoir s’y mouvoir. Voici donc la nouvelle configuration, peut-être provisoire, dans laquelle je me trouve. Elle coïncide avec le moment où je commençais il y a presque 4 ans à dessiner les toutes premières pièces de cette exposition.
Cet espace ténu est pour moi le lieu où s’affirme et s’affine certaines orientations de mon travail. Je pense par exemple à la présence conjointe de la couleur et de la géométrie dans mon langage formel. La géométrie donne forme à la couleur et la couleur « dé-géométrise » la forme, dans le sens où elle produit une « géométrie chaude » qui s’appréhende sensiblement plutôt que quantitativement.
Au-delà de la pure jouissance que procure sa présence, la couleur est de nouveau un moyen pour distinguer différents éléments constituant l’objet, révélant la forme globale de l’objet comme le produit d’un agencement de formes préexistantes plutôt que comme le produit d’un pur dessin mis en espace. Quant à la géométrie, elle a toujours été pour moi explicitement liée à la recherche de simplification de l’objet et du langage. Elle me semble aussi s’affirmer aujourd’hui comme un rempart, peut-être illusoire, contre le travers du maniérisme, autre dérive possible de la dynamique du travail sur le long terme dont j’ai parlé auparavant.
Le propos de ce texte n’est pas de mettre en lumière ou d’expliciter les liens que je viens d’évoquer plus haut. Il conviendra à chacun de le faire selon sa volonté et son propre regard.
Pour ma part, il me semble avoir déjà, ici, suffisamment commenté !
Pierre Charpin, Mars 2020
